jeudi 3 juillet 2008

De Shanghai à Boracay

Les 30 jours se sont écoulés sans que j'aie eu le temps de les sentir passer...
Professionnellement calme ! trop calme probablement, mais c'était prévisible : mes trois principaux employeurs étant rentrés en France, je ne m'attendais pas à crouler sous les propositions...
Heureusement, il n'y a pas que le travail dans la vie !

J'ai pris le temps de découvrir un peu plus Shanghai, en commençant par mon quartier.
La ville est tellement grande qu'il faut bien commencer quelque part !
Jing'an District donc : 4 km de long sur 3 km de large.
Le cœur se trouve autour du temple Jing'An.

Restaurants, centre commercial, station de métro et, bien entendu, le temple Jing'An à proprement parler. Littéralement : temple de paix et de tranquillité ; littéralement seulement parce qu'il se trouve être en bordure de deux grosses artères particulièrement empruntées.

Ce n'est peut-être pas l'endroit rêvé pour trouver la paix intérieure, mais c'est typique et c'est à moins de 15 minutes à pied de chez Joris !

C'est une promenade que j'aime bien faire, appareil photo au poing ; toujours une bonne occasion de capter une scène du quotidien, l'instantané d'une expression, la fugacité d'un regard...

Et toujours cet environnement, ce mélange d'architectures qui oscille entre futuriste et passéiste, démolitions et constructions...

Les rêves des architectes les plus fous semblent pouvoir trouver forme dans cette ville ; toujours plus haut, toujours plus excentrique, toujours plus... Certains adorent sans concession, personnellement je suis plus partagé.

Après cette immersion urbaine, immersion aquatique !
J'ai profité de la contrainte que m'impose mon visa pour aller faire un tour du côté de Boracay, petite île des Philippines réputée pour la beauté de ses plages et de ses fonds marins.
Je suis arrivé à Manille le 16 juin à 4h du matin.
En attendant mon vol pour Caticlan, l'aéroport le plus proche de Boracay, j'ai assisté au réveil de la ville. Le peu que j'en ai vu m'a fait penser à l'Amérique du Sud...

Après encore quelques heures d'attente, qui m'ont permis de terminer l'excellente trilogie "Millénium" de Stieg Larsson, j'ai embarqué dans un petit coucou qui m'a déposé, 50 minutes plus tard, dans un décor tropical, à moins de 4km d'une plage de sable fin à la hauteur de toutes les cartes postales qui mettent à l'honneur ce genre de paysages.

Ce décor a été le théâtre de ma réconciliation avec la plongée, discipline que j'avais laissée de côté depuis plus de 10 ans !
Les sensations étaient là où je les avais laissées. Le plaisir que j'ai ressenti en renouant avec les fonds était d'une grande intensité. Je ne pensais pas que ce serait aussi fort...

Manque de chance, ce décor aura aussi été le théâtre de la furie de Franck, mon premier typhon et ça, c'était beaucoup moins sympa !
Pendant 4 jours, pas d'électricité, plus d'avions, des rafales de vent à 150 km/h, un océan qui se déchaine, des torrents qui tombent du ciel entrainant avec eux des noix de coco meurtrières et des bateaux qui se fracassent sur la plage...

Malgré l'impression oppressante que ça ne s'arrêtera jamais, le ciel finit par retrouver ses couleurs, l'océan se calme et la pluie cesse. L'électricité revient et les avions reprennent du service. La vie reprend son cours. C'est l'heure d'évaluer les dégâts.

C'est aussi l'heure de rentrer à Shanghai ; déjà...
légèrement frustré de ne pas avoir pu profiter jusqu'au bout de mes vacances, merci Francky, je reprends le chemin de cette fourmilière humaine.
Il me reste à peine plus de deux mois pour en faire le tour, en percer le secret...
Ça risque d'être court !

mardi 20 mai 2008

De Shanghai à New York, en passant par Hong Kong

Après ce retour, beaucoup plus efficace que l'aller, le quotidien shanghaien s'est rapidement imposé.

Joris m'a proposé de faire le montage de son magazine sur les révoltes paysannes pour lequel j'avais filmé les images dans le Zhejiang.
L'exercice s'est avéré compliqué, mais riche en apprentissages...
Je suis déjà convaincu que je ne ferai plus l'erreur de filmer en NTSC ; la conversion des deux cassettes a été une vaste galère sur laquelle je passe sans regret.
Je passe aussi sur les petits pépins matériels survenus au moment de l'acquisition qui m'ont permis d'apprécier l'efficacité de la main-d'œuvre chinoise (une réparation qui aurait pris au moins un mois en France et aurait couté quelques centaines d'euros a été réglée en une demi-journée pour moins de 50 euros...).

Je me suis escrimé tant bien que mal pour que le sujet soit prêt à être envoyé dans les temps. Dix jours de montage intensif avec quelques sas de décompression obligatoires pour éviter les grillages de fusibles. J'ai découvert, pendant cette période rigoureuse, le Shelter, le Windows, le Baby face... et autres lieux de la nuit shanghaienne. Il y a de quoi faire. J'ai même été initié au karaoké, véritable institution ici...
Coup de cœur pour le Shelter qui n'est rien d'autre qu'un ancien abri atomique reconverti récemment en discothèque ; claustrophobes s'abstenir... Bonne musique, tarifs honnêtes et ambiance survoltée !

J'ai aussi eu l'occasion de redécouvrir une facette de Joris que je connaissais peu, celle du leader d'un groupe de punk rock, The DropKicks ; Groupe composé de trois membres :
Chen Song, le batteur chinois,

Toshi, le bassiste japonais

et notre Joris national, guitariste et chanteur

Entre compo et reprises, cette joyeuse bande arrive à tenir en haleine un public international "énervé" pendant plus d'une demi-heure... environ une fois par semaine !


J'ai ponctué cette période de travail intensif par une journée de tournage pour Ferrari sur le circuit de formule 1 de Shanghai. Une expérience bruyante, d'autant plus difficile à supporter que la nuit précédente avait été pauvre en sommeil et riche en alcool, anniversaire d'un des collègues de Joris oblige...
J'ai terminé la journée à 20h, la tête dans un étau...

S'en est suivi une période de flottement relatif. Comme souvent, après une forte activité, je me suis retrouvé démuni, ne sachant trop quoi faire de mon temps libre, épuisé par le travail fourni, incapable de sortir, ressentant la ville comme une menace...
Pour couronner ce sentiment désagréable, le magazine pour France 24 n'a pas fait l'unanimité à la rédaction. On nous a demandé des corrections sur le montage et sur le commentaire, c'était trop court, trop de respirations, trop confus...
On a fait ce qu'on a pu avec ce qu'on avait ; on a envoyé une nouvelle version prenant en compte ces remarques et je me suis envolé pour Hong Kong où Michaël m'attendait pour deux nouveaux sujets, l'un pour France 24, encore eux, sur les mouvements qui s'organisaient autour du passage de la flamme olympique sur l'île, l'autre pour la télé belge sur le relai lui-même. Une interview était prévue pour l'après-midi...

Quand je suis arrivé, j'ai trouvé un Michaël débordé, en pleine réécriture d'un 26 minutes pour envoyé spécial sur la récolte de la badiane, autrement appelé anis étoilé, dans le sud de la Chine. J'ai vite compris qu'il n'avait rien préparé pour les sujets me concernant, l'interview avait été botté en touche et le tournage ne devait finalement pas commencer avant le 29 avril. On était le 22...

Une semaine donc, à ne rien faire et à partager le bureau de Michaël qui me sert de chambre. Chaleur étouffante, bruits incessants et promiscuité ; j'ai craqué au bout de quatre jours et me suis réfugié sur Lama Island, petite île de pécheurs à 30 minutes de ferry de Central, le lendemain de je ne sais quel évènement sportif dans l'hippodrome en face de ma cage de verre. La goutte d'eau...

Dépaysement, repos, et bon manger étaient au rendez-vous. Exactement ce qu'il me fallait...

C'est pendant cette petite parenthèse que Joris m'a annoncé par téléphone que France 24 ne validait toujours pas le magazine. Raisons invoquées : le film ne serait qu'une succession d'interviews entrecoupés de plans d'illustrations prétextes, tout juste de quoi faire un reportage de 3 minutes ; verdict sans appel...
C'est également sur Lama island que j'ai pris la décision d'aller passer quelques jours à New York dès que j'aurai bouclé le travail.

Et c'est comme ça qu'avec deux reportages d'une qualité médiocre expédiés sans trop de difficultés, j'ai pris mes clics et mes clacs et me suis envolé pour le nouveau continent.
16h de vol plus tard et 12h de décalage horaire dans la tête, j'ai débarqué dans la big apple. Dix ans que je n'y avais pas mis les pieds !
J'ai été hébergé par un ami d'ami à Brooklyn dans un superbe loft atypique...

Trois petites cabanes en bois faisant office de chambres, ambiance maison dans les arbres, à vingt minutes en métro de downtown Manhattan ! Et un accès sur les toits offrant une vue saisissante de l'île et du Manhattan Bridge

Pour la première fois, j'ai pris le temps de parcourir la ville, de jouer au touriste émerveillé ; les quelques centaines de photos que j'ai prises sont là pour en témoigner.
Petite sélection...

Ce voyage a aussi été l'occasion de retrouver un groupe d'amis parisiens qui passait cinq jours à New York et de passer un week-end avec ma sœur Alice qui m'a rejoint en car de Montréal.

Et il a fallu rentrer ; boucler un tour du monde en à peine dix jours...
Dernière étape avant mon retour à Shanghai, Hong Kong où j'ai passé la soirée avec Tom, steward à Air France en transit à Kowloon... Rendez-vous international pour souffler mes 33 bougies ! Déphasage total...

Soirée animée, nuit réparatrice dans l'hôtel tout confort destiné au personnel navigant et de nouveau l'embarquement pour un dernier saut de puce.

L'été a profité de mon absence pour s'installer à Shanghai.
Deux semaines maintenant que je suis rentré et ce temps a été mis à profit pour monter et envoyer une ultime version des révoltes paysannes à France 24. On attend la sentence en croisant les doigts.

Les tensions entre la France et la Chine commencent à avoir des conséquences désagréables. La situation pour Joris n'est pas évidente à gérer avec ses deux associées qui sont bloquées en France. L'une s'est fait expulser du pays, l'autre n'a pas réussi à se faire renouveler son visa. Ambiance... Je peux m'estimer heureux avec mon visa 6 mois multi-entrées, ma seule contrainte étant de sortir du pays tous les 30 jours ; il y a pire comme contraintes quand on se trouve à moins de 4 heures des Philippines, de la Thaïlande ou du Vietnam...
Prochain voyage obligé avant le 16 juin. Il ne me reste qu'à déterminer la destination !